Saison Un

: Obscure Prophétie

Quel bonheur pour le daim ! C’est la première fois qu’il parvient à secourir quelqu’un ! La première fois qu’il se sent réellement utile, qu’il accomplie quelque chose. Il brame de bonheur, ravi de recevoir les félicitations caressées de Jack.

De son côté, Split semble agacé par l’échange entre Luna et Anémone. Sa queue bat l’air avec vigueur. Hélas, il ne pourrait répliquer l’inverse, ayant lui-même déjà constaté ma bêtise à maintes reprises. Néanmoins, son côté protecteur l’oblige à se vexer qu’on parle de moi ainsi. Non pas que ce soit faux, mais ce n’est pas le plus important.

Le plus important, c’était de nous voir sourire ainsi. Rire de ce qui venait d’arriver comme s’il ne s’agissait que d’une broutille. Pourquoi juger un idiot s’il peut rendre les autres heureux ?
Pourtant, ce rire se transforme en curiosité lorsque Jack s’enfonce dans l’eau jusqu’au cou. Bah, qu’est-ce qu’il fait ? Et il replonge. Je le regarde faire sans rien dire, béate, et me contente de suivre son ordre d’attendre. Lorsqu’il revient, sa chemise est à nouveau sur son dos, et même Anémone le réprimande pour l’inutilité de son geste. Et voilà, Jack est privé de natation ! J’y retourne avec l’humain. Anémone, par contre, se fait presque supplier du regard par Truc. Si tout le monde retourne sur la berge, il risque de devoir le faire aussi. Sauf que lui n’a aucune envie d’achever sa baignade ici ! D’ailleurs, il replonge, qu’on l’y autorise ou non.

Je donne une petite tape sur l’épaule à Jack qui parait tout penaud après cette engueulade.

— Hihi, t’en fais pas, on s’est bien amusé quand même ! Mais pourquoi t’as gardé ta chemise dans l’eau ? C’est tout pas pratique ! En plus maintenant elle est toute mouillée, faut la faire sécher.

Je ricane, souris, et m’amuse. Comme toujours, comme si la veille n’avait pas eu lieu. Néanmoins, je ne l’oublie pas. Je sais juste pardonner, tant que c’est passager.

— Lourdo.


Peut-être un peu trop concis, cette fois-ci. Surtout lorsque l’on sait qu’il parle d’une Pokémon et non d’une humaine.
Loin de rire de nos bêtises comme la féline, l’Insolourdo n’a cessé de porter son attention sur nous tandis que nous nagions jusqu’à la berge. Même à présent, il nous fixe et quitte même le rocher pour venir jusqu’à moi, ignorant les Moumouton qui bêlent encore le long du lac. En le voyant, je l’accueille de mes deux bras grands ouverts. L’Insolourdo m’escalade jusqu’à ce que je puisse soulever le gros serpent contre mon buste, sa queue pendant presqu’au sol. Il me léchouille le visage et les bras de sa queue fourchue, cherchant à se persuadée que je n’ai pas été blessée durant cette escapade navale.

— Split ! Viens-là mon copain ! Oh, Jack, tu connais pas Split, du coup ! C’est mon nouveau chasseur Insolourdo, c’est le plus mieux et le plus gentil du monde !

Je tends le serpent devant mon copain pour lui montrer toute la "splendeur" de l’animal, lequel pivote à peine la tête pour étudier Jack et le saluer avant de reporter son attention sur ma personne. Après-tout, même si je l’ai oublié, ils se sont déjà vus. C’était Hiro, mais… C’était Jack quand même.

Toujours aucun signe de Ciboulette. Personne ne s’inquiétera pour lui : après-tout, il passe son temps à apparaître et disparaître. Et pour beaucoup, moins ils le voient, mieux ils se portent.

Je reste sur la berge devant Jack pendant qu’il fait trempette, écoutant sa gêne si étrange. Dès sa question, j’acquiesce en hochant la tête.
Ah oui, c’est vrai ! Jack se trouve tout moche une fois mouillé. À cause de ses cheveux plaqués sur son crâne, non ? euh… attendez… ça remonte, cette histoire. Et puis là, il en rajoute ! Tout petit, tout maigre… nan, c’est différent de ce dont je me rappelle ! Je crois que je viens de comprendre mieux cette fois. Il parlait pas d’être moche quand il est mouillé, il devait parler du fait de pas oser se baigner pasqu’il faut enlever ses vêtements. Mais alors, il se croit moche tout le temps ?
Impossible de m’empêcher de pouffer un peu. De toute façon, je suis pas du genre à mentir, moi. Je trouve ça bête, c’est comme ça !

— Mais quelle idée ?! T’es pas plus moche que moi ni personne ! En plus, c’est bête, sans ta chemise, on voit rien aujourd’hui à cause de ta blessure.

Oh. Attendez. Est-ce que je viens de comprendre ? Je fais une moue perplexe. Je tapote les bandages du garçon d’un doigt vraiment pas fort en supposant :

— Attend… si t’étais tout blessé comme ça, tu nagerais pas aussi bien. Me dit pas que touuus tes bandages aussi c’est aussi pour te cacher ? J’ai cru que t’avais eu une grave grave blessure, moi !

Je le redis : mais quelle idée ?!

— Mais jaaaaack !

Je m’assois à côté de lui et prends mon copain dans mes bras pour le consoler, en douceur pour une fois (on sait jamais, je comprends tout de travers en général alors, j’ai pas envie d’appuyer sur sa blessure.).

— Faut plus t’inquiéter comme ça ! Qu’est-ce que tu veux que ça fasse que je te vois sans ça ? T’es mon grand copain Jack, et rien y fera jamais le contraire !

Rien. Pas même tous ses mensonges, cachoteries et autres bizarreries. Je pourrais me retrouver à bouder. Bouder très longtemps, même, s’il avait insisté ! Mais au fond de moi, j’aime beaucoup trop Jack pour le détester sur des futilités. Après-tout, il est venu à mon secours pas une, mais deux fois, en plus d’être trop gentil tout le temps et d’être comme un super héros ! Et puis, même si j’était au plus bas à cette époque et donc incapable de l’en remercier, c’est lui qui a été là quand j’en avais le plus besoin. Je veux pas que Jack il s’inquiète de quoi que ce soit me concernant. Il pourrait arriver vraiment n’importe quoi, ça restera tout pareil !


Les excuses de la chatte trouvent oreille attentive pour les écouter. Split tourne la tête dans sa direction et hoche la tête pour assurer son pardon sans rien ajouter. De même, il remue de la queue après que je l’ai redéposé au sol, semblant apprécier les félicitations de cet étrange humain changeforme. Il a raté bien des choses, lui ! Mais l’odeur ne trompant pas, il a vaguement compris la situation. Voyant que je ne risque plus rien, il jette un œil en direction des flots, surveillant le daim qui s’amuse toujours autant avec la fleur. Truc joue des dents pour essayer d’attraper les tentacules qui le harcèlent, bondit d’avant en arrière sous l’eau, s’amuse, ri… Tant de chose dont on le pensait incapable. Il pourrait continuer ainsi une éternité durant.

Quant à Ciboulette… Eh bah, il a fini par revenir. Sans un bruit, il s’est réinstallé sur le rocher de Luna juste après qu’elle ait décidé de reprendre Lassie entre ses pattes. À coup sûr, il a tout entendu, mais semble ignorer la chatte, certainement encore frustré de sa dernière remarque. À moins qu’il ne cherche qu’à rester discret pour éviter le courroux de l’Insolourdo ? Quoi qu’il en soit, ses pupilles brillantes ne lâchent plus les deux jeunes humains. Qui sait quelle nouvelle manigance l’imprégnait à la vue de cette scène ?

— Je t’apprendrais ! lui répondis-je de ma bienveillance, persuadée de pouvoir le faire.

Je suis toujours là pour mes copains ! Je le laisse soulager ses larmes autant qu’il le souhaite dans notre câlin, murmurant quelques paroles réconfortantes en lui frottant le dos avec bienveillance. Faut pas se mettre dans des états pareil pour une histoire de voir ou pas voir ! Il est vraiment tout timide, Jack, en fait.

Ciboulette nous fixe du regard, silencieux. Le passage de Cupidon fut un simple courant d’air qu’il suivi du regard, moquant le Chovsourir d’un sourire en coin. Pauvre Cupidon… il ne comprendra sans doute jamais.
Au retour, les yeux de Ciboulette s’attardent un instant sur la chatte, le temps de remarquer les pupilles rétractées de l’animal et d’en rire en silence avant de reporter son attention sur nous.

— Pit.


Il est vrai que ce serait tellement simple. Il n’aurait qu’à m’effrayer, ou effrayer Jack. Lancer une graine dans la figure d’un des deux, ou même peut-être apparaître entre nous. À coup sûr, la réaction serait hilarante, et surement que le pauvre scientifique en ressortirait avec quelques bleus supplémentaires.
Mais non, ce n’était pas dans ses plans. Du moins, pas encore.

— Pitrouille.


Elle pourrait surement agir, l’en empêcher, peut-être même l’attaquer, au lieu de le juger en silence. Split lui a bien montré l’exemple. Pauvre Split… il est trop occupé à regarder Truc s’amuser. Il faut dire que le daim profite de cette journée tant qu’il le peut. Il n’aurait jamais cru trouver un partenaire de jeu aussi amicale en la personne de la plante rocheuse. Et d’un côté… ils étaient deux plantes, dans le fond. Oh, d’ailleurs ! Voilà que le daim se fige dans ses jeux se laisse attraper par les tentacules de sa camarade. Il vient de repérer Split au bord de l’eau ! C’est une occasion en or : pour la première fois de sa vie, il serait presque plus à l’aise que son camarade dans leur monde ! Bramant à l’intention de la plante, il cherche à lui faire comprendre son plan. Capturer un nouveau nageur ! Il serait bien incapable de le trainer de la terre ferme à l’eau. Anémone, en revanche, pourrait peut-être l’agripper de ses tentacules pour forcer Split à faire trempette ! Le daim pointe son camarade d’une de ses pattes valides, ses yeux brillant d’avance à l’idée d’une nouvelle partie en trio !

Chacun s’occupe à sa façon pendant que le temps semble se figer entre Jack et moi. Je lui laisse tout ce dont il aura besoin, bienveillante envers ses peines que je ne comprends qu’à moitié, mais dont j’ai perçu la douleur dans ses yeux avant qu’il ne s’effondre contre moi. Je garde un sourire pour nous deux, confiante que tout ne pourra que s’arranger.
Lorsque je le sens de nouveau bouger, je sens que c’est aussi le moment pour moi. De répéter ces quelques mots qu’il m’a accordé :

— Jack… Tu sais, moi aussi je te dis merci. J’ai pas pu, avant. J’étais perdu. Pis je me rappelle presque plus. Mais je sais que t’étais là, toi. T’es resté.

Ce jour lointain où Fouifi m’a été arrachée. Mais c’est pas ça que je veux dire. C’est pas de Fouifi que je veux parler.

— Tu te rappelles ce qu’on disait l’autre jour au centre ? Moi j’étais une super héros, et toi t’étais un super soigneur de héros !

Ça remonte, déjà, cette histoire. Pourtant, ça m’est resté en tête, comme marqué d’une encre indélébile parmi mes souvenirs volatiles.

— On perdra jamais ça. Jamais.

Quoi qu’il arrive. Moi, je le protègerai, et lui, il me guérira. Pas vrai ?
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— Pitrouille ?


Ce n’est pas parce que ce genre est sa spécialité qu’il doit s’en contenter. Certains, comme Poésie, en méritent davantage. Jack également, et peut-être même cette chatte s’il trouve un jour le fil rouge de sa destinée. Ciboulette reporte son regard sur les deux humains et leur accorde un sourire satisfait. Certes, nous retombons dans le mélodramatique sitôt qu’on nous laisse deux minutes, mais cette fois, nous le prenons par le bon bout, comme il l’attendait depuis mon arrivée. Voir l’un ou l’autre paniquer et se répandre en excuses n’a aucun sens si le second n’y est pas réceptif.

Les mots allaient, offerts avec bontés sans nécessiter d’être réfléchis. Et à son tour, Jack m’offrit le meilleur cadeau qui puisse être : un sourire. Je n’aurais pas cru le rendre heureux par ces simples paroles. Cela me rend si heureuse de le voir heureux ! Mes yeux brillent d’une joie sincère, prêts à aplatir le moindre de ses doutes de mon innocence. Mon sourire s’élargit, enfantin et amusé par cette inquiétude qui n’a pas lieu d’être :

— C’est pas important, ça ! Si c’est trop dur, bah moi je t’aiderai, et Split, et Truc, et même Papa, Maman et Volti ! Pis à force, on va bien finir par y arriver !

De quoi il parle ? J’en ai aucune idée ! Mais rien n’est impossible lorsqu’on est tous ensemble ! Y’a qu’à voir, papa et maman, ils sont invincibles ensemble, et ils ont déjà fait tout plein de chasses que tout le monde il disait impossibles !

Plouf. Ça, c’est le bruit d’un Insolourdo qui se jette à l’eau après de longues hésitations ponctuées par l’insistance du daim. Truc avait bien cru que son plan allait rater ! Quelle idée avait eu Anémone de demander son avis au lourdaud ? Bien sûr qu’il avait refusé, plutôt deux fois qu’une ! Mais finalement, après plusieurs bramements d’encouragement, le voilà à la flotte.
Attention, tout de même, on ne parle pas du baigneur enthousiaste. Split reste à portée de la berge, là où il pourrait reprendre son souffle en se dressant de tout son long à la verticale. Sa queue foreuse pivote, cherchant à imiter un moteur pour essayer de le propulser dans l’eau sans grande réussite. Surtout qu’il n’a guère envie d’aller loin, alors il se retient, et se montre incapable d’attraper le petit handicapé. Surtout que contrairement à tous les autres participants, monsieur n’a que sa gueule pour saisir ! Et qui dit gueule entrouverte sous l’eau dit boire la tasse. Il a l’air encore plus con que sur terre, le pauvre lourdaud ! Ça n’a pas l’air de l’amuser, contrairement aux deux autres. Il passe son temps à remonter. Mais au moins, Truc s’amuse à lui tourner autour, jouissant d’une liberté qu’il n’a jamais eu sur son camarade. Il s’amuse même à mordiller le gros Insolourdo de ses dents plates pour le chatouiller à son tour ! Mais ça, Anémone le fait bien mieux que lui.

Tout le monde retrouve le sourire, n’est-ce pas ? Sauf cette petite chienne, aux côtés de Luna. Ah, et Luna, mais s’est-elle déjà amusée un jour, celle-là ? Ciboulette se tourne vers les femelles, enfin satisfait de ses plans pour la journée. Ses deux projecteurs s’illuminent, aveuglant la chatte "par mégarde" avant de redescendre lentement jusqu’aux pieds de la chienne. Il bouche ensuite une partie du projecteur afin qu’il ne reste qu’un minuscule rayon lumineux au sol, à peine perceptible dans les airs. Une petite lumière au sol, qui saura peut-être attirer l’attention du chiot en s’agitant de droite à gauche le long du rocher.

— Pipitrouille.

Incroyable. Luna aurait souri ? Même Ciboulette a du mal à y croire derrière son sourire en coin. Un sourire de courte durée, évidemment, mais un sourire quand même ! Faut dire qu’il n’a pas été des plus délicats. Et même son petit jeu avec la chienne a mal fini, la petite ayant finalement chuté du rocher.
Et plouf. La dégringolade finit en course poursuite puis baignade. Loin de s’en vouloir, Ciboulette explose de rire à l’idée que, cette fois, la chatte n’a pas eu besoin d’aide pour se mouiller les pattes. Il la salue gaiement en retour à ce regard haineux, bien trop satisfait de voir la chatte rejointe par tous ses camarades de jeux. Finalement, il ne reste que les humains hors de l’eau. Hum ? Non. Il en reste un autre. L’idiot. Pauvre petit idiot solitaire, il ne doit même pas s’en rendre compte. Les faisceaux du Pitrouille éclairent le Chovsourir pour attirer son attention avant que Ciboulette n’aille survoler le lac à son tour. Autant rester tous ensemble, n’est-ce pas ?

Truc est ravi de voir de nouveaux contestataires rejoindre le bassin ! Il s’amuse à essayer de suivre Luna à la surface sans parvenir à s’y maintenir. Depuis le temps qu’ils jouent, à présent, il commence à ressentir la fatigue en plus de son handicap. Split, par contre, parvient à flotter sans grande peine aux côtés de Luna, bien content que le jeu ne se pratique plus en sous-marin. Tant qu’il s’agit de rester à la surface, son corps long et léger lui permet une certaine stabilité, et sa queue lui suffit à se propulser. Le connaissant, je devine qu’il s’inquiète pour la boule de poils sur le dos de sa terreur des mers. À coup sûr, si la chienne tombait, il comblerait le vide entre Luna et lui pour permettre à l’animal de retrouver pied.
Si Luna pensait pouvoir se débarrasser des autres en libérant Anémone, c’était peine perdue. Au contraire, le daim en galère alla plutôt demander à sa copine de collaborer pour rattraper la chatte. Peut-être qu’en se perchant sur la plante, il pourra l’aider à nager plus rapidement et qu’ils parviendront à suivre la nage féline de la mistrale ?

Finalement… C’était bien la peine d’ordonner à Jack de quitter l’eau si c’était pour que tout le monde y retourne aussitôt ! Enfin bon. Je suis plutôt contente d’avoir parlé de tout ça avec lui, depuis le temps que j’aurais dû lui dire ! Mais il a raison, quand il change de sujet : faut qu’on parle de chose plus joyeuses… comme manger ! Pas sûr que tout le monde ait entendu (Truc aurait surement arrêté de nager à cette nouvelle), mais moi, oui ! Je lui fais un énorme sourire en levant la main :

— Moiiiiii !

Je récupère une part et me régale sans aucune hésitation, puisque c’est offert par Jack !
Puis vient… L’ÉNORME SECRET de Jack ! Je lui tape sur l’épaule avec un grand sourire, peu choquée par cette révélation. Non, je l’ai absolument pas remarqué, surtout qu’il a dit qu’il trouvait ça bon ! Ça doit être dur de se priver d’un truc aussi bon par conviction… mais je suis pas chiante, moi ! Y’en a plein des gens qui mangent pas de viande, bah ça en fait plus pour moi !

— C’est pas grave, tu fais comme tu veux ! Papa m’a toujours dit, y’a des gens ils aiment pas manger des Pokémon, alors faut pas les forcer, même si c’est super bon !

Il faut ensuite que je réfléchisse à son étrange requête. Je suis contente de voir qu’il veut plus du tout mentir, Jack, mais que moi je lui dise des choses que j’ai à lui dire ? Meeeh… y’a rien qui me vient à l’esprit. On est censé dire quoi, dans ce cas ? C’est pas trop mon truc, les secrets : je sais déjà pas les tenir, je vais pas en plus en avoir !
Finalement, après une bonne minute les joues gonflées par une intense réflexion, quelque chose me vient en tête :

— AH ! SI ! JE SAIS ! Je suis une adulte maintenant !

TIN TIN TIN ! Révélation du jour ! Est-ce que j’ai pris 5 ans d’un seul coup ? Mais non, voyons ! Je ricane et reprend aussitôt :

— Avec Krystal, on a traversé les gorges sans aucun adulte pour nous aider, comme ils disent de faire dans la légende ! On a croisé plein de Pokémon super dangereux, y’en a même un qui a essayé de manger Auriel ! Mais comme on est trop fortes, on s’en est toutes sorties sans aucune grosse blessure ! Même qu’on a vu le chalet au milieu des gorges, et c’est TROP TROP bien là-bas, y’a plein de bouffe, des lits trop douillets, et plein de gens qui font tout pour toi !

Quel superbe résumé de cette balade dans les gorges ! À coup sûr, Krystal en aura gardé un souvenir bien moins alléchant.

Je remarque alors qu’une feuille est tombée du sac de Jack lorsqu’il en a sorti les portions. Un coup d’œil dessus et…

— Eh ! Mais c’est l’écriture de papa, ça ! C’est kwaaaaa ?

Papa, il m’a appris à écrire ! Du coup, on écrit tous les deux aussi bien ! Je pointe la feuille du doigt, très curieuse de savoir ce que mon papa a pu écrire d’aussi important pour que ça doive rester écrit et que ça se retrouve dans le sac de Jack. La vérité, je risquais pas de la deviner ! Jack, par contre, il avait une chance de le faire. Pasque sur ce papier qui n’était clairement pas là au début de la journée, y’a juste marqué : « Anémon veu te montré le labauratouar ou el et né. », le tout agrémenté d’un dessin de citrouille paré du sourire caractéristique de notre Ciboulette national.