Saison Un

: Obscure Prophétie

Krystal sourit, ses lèvres se tendant d'abord doucement puis de plus en plus franchement. Vraiment ?! Técla pensait-elle qu'il y avait une si grande différence entre Kratos et elle ? Enfin, peut-être mais comparé à ses pokemons à elle ? C'étaient eux surtout qu'elle avait utilisé pour sa menace. Et pire encore : Técla ne sentirait même pas Kratos...

- Parce que tu crois que Kratos arriverait à te tenir tête alors que tes pokemons pas forcément ? Au moins, avec moi : tu parles avant de cogner donc j'ai une fenêtre d'action ! continua-t-elle de sourire pour bien indiquer qu’elle plaisantait. Plus sérieusement, que ce soit Kratos ou moi : tu ne ferais qu'une bouchée de nous. Donc l'un ou l'autre : c'est pareil au final.

La question suivante de sa camarade surpris sincèrement la tzigane. Elle ne s’attendait pas à ce type de questionnement puisque personne ou presque n'osait lui parler de son clan. Enfin, à part Kata mais celle-ci avait été invitée par les tziganes. Son sourire passa de joyeux à infiniment plus doux alors qu'elle repensait à sa famille.

- Tout dépend de si tu parles de mon clan à moi ou de celui de ma famille. Je fais toujours officieusement partie du clan des tziganes même si officiellement, je l'ai quitté pour réaliser mes rêves...commença-t-elle doucement.

Auriel, sentant venir une histoire, vint s'installer sur la tableau pour être appuyée contre le bras de Krystal. Elle aimait bien écouter sa mère adoptive quand elle prenait ce ton temps puisque les sentiments de la jeune femme étaient souvent alors exceptionnellement porteurs de bonnes choses. Faisant signe à Shebk d'aller leur chercher à boire, Krystal profita qu'il ne soit plus là pour reprendre à voix basse.

- Mon propre clan vient tout juste de démarrer. Il est constitué d'Auriel et Arion pour mes pokemons car ils sont les premiers et les plus importants à m'avoir épaulé dans mes aventures. Les autres en font partie mais plus comme des parents éloignés. Note que je les aime beaucoup mais...ils n'ont pas ce lien particulier entre eux et moi. Il y a aussi les humains les plus chers à mon cœur en dehors de ma famille par le sang : Kata et toi. Je vous considère quelque part comme la petite et la grande sœur que je n'ai jamais eut. On dit que l'on ne choisit pas sa famille mais ce n'est qu'en partie vraie. On choisit celle que l'on veut avoir quand on devient adulte. Et je sais que je veux que nos chemins se croisent régulièrement. Les ancêtres t'ont placé sur ma route quand j'en avais besoin et tu m'as tendu la main comme on le fait dans un clan. Nos liens ne sont cependant encore que balbutiement comparés aux tziganes.

Voyant revenir le fouinar avec un pichet d'eau, Krystal prit le temps de se servir et de boire avant de reprendre.

- Le clan de ma famille...C'est beaucoup de choses à la fois même si cela peut parfois se montrer contradictoire. Ils sont ma famille. Proche et éloignée. Par le sang et par les liens. Nous nous connaissons tous depuis la naissance. Ils étaient là pour m’accueillir dans ce monde et aucun d'entre nous ne le quitte sans que sa Famille soit là. Nous sommes loyaux et honnêtes entre nous. Quelqu'un a besoin d'un coup de main ? On lui donne. Un d'entre nous n'a pas à manger ? On partage. Nous ne formons qu'une seule grande unité et les possessions de concept de propriété existe peu. Tu as besoin de quelque chose ? Tu l'empruntes et tu le ramènes après. Enfin, tant que cela ne nuit pas à la capacité de vivre du clan. Personne n'irait vider les caisses quoi, sourit-elle amusée car les tziganes avaient souvent cette réputation d'être malhonnêtes et voleurs d'argent justement. On peut dire que l'on a le cœur sur la main pour les nôtres quoi. Le clan au complet élève les enfants et les anciens sont très respectés. Ils sont les garants de nos traditions et légendes. Cela te paraitra peut-être bizarre mais je n'ai jamais été à l'école. Ce sont les anciens qui m'ont appris à lire, écrire et respecter la vie.

Reprenant son souffle et buvant une nouvelle fois pour éviter qu'une quinte de toux ne l'emporte, Krystal reprit ensuite avec toujours son regard un peu nostalgique et si rempli d'amour.

-  La liberté coule dans nos veines tout comme l'amour des nôtres. Quoi que l'on dit aussi que le feu y coule aussi. Nous sommes des gens passionnés et nous faisons régulièrement des fêtes avec de la danse et surtout de la musique. Nous croquons la vie à pleine dents et n'hésitons pas à le montrer. Nousn'avons qui plus est qu'une seule parole. Si un homme ne respectait pas sa parole, il ne vaudrait rien. Donc nous ne la donnons pas à tort et à travers. Si on devait nous décrire en quelques mots, ce serait incontestablement : famille, honneur, liens et liberté...

Sans se départir de son sourire, le regard de la tzigane revient plus au présent qu'à se perdre dans les méandres du passé. Curieuse d'observer les réactions de sa camarade, Krystal garda un temps de silence alors qu'Auriel baillait joyeusement.

Silencieuse (pour changer), j’écoutais ce qu’étaient la différence entre ses deux clans. Elle avait quitté son clan pour réaliser ses rêves. C’était un peu semblable à mon histoire. En soit, je n’avais pas quitté ma famille. C’était plutôt mon père qui m’avait reniée. Elle avait créé son propre clan de pokemons et d’humains…

J’étais plus proche d’elle que je ne le pensais. J’avais aussi fini par créer un lien familial avec mes huits premiers pokemons. Muse, Blindé avaient beau s’être rajoutées, ils n’arrivaient pas à autant se fondre dans notre groupe. Et comme elle, j’y avais intégré des personnes à mon groupe Lior et elle. A vrai dire, je ne pensais pas qu’elle m’appréciait à ce point. Cela me faisait tellement bizarre, suffisamment bizarre pour ne pas relever un point.

Je ne l’avais pas vraiment aidé. Elle conservait cette idée au fond d’elle. Pourtant, ce n’était pas vraiment la vérité. Je n’avais pas eu cette bonté de prime abord. C’était par ennui que je l’avais aidée. Ou peut-être que c’était mon inconscient, mon instinct qui m’avait guidé. Oui, parce que j’avais du mal à croire qu’un quelconque ancêtre aurait voulu que Krystal côtoie un être comme moi.

L’esprit de famille était indéniable dans ses paroles. La vie parmi les siens avait eu l’air douce. Je l’enviais fortement. Ma vie avait été tellement houleuse avec la mienne. Un léger sourire (donc, en gros, mon visage était moins inexpressif) se fit sur mon visage.

«Tu as de la chance… Garde cette famille auprès de toi. Celle que tu avais et celle que tu crées. Ne romps pas ces liens. Je me doute que tu n’as aucune intention de le faire. Mais si un jour une tension arrive, réussis à la résoudre. J’espère pour toi que tu garderas ce bonheur avec toi. »

C’était sincère. Je me levais pour la poser sur la tête et la papater maladroitement. C’était tout sauf évident. Mais j’essayais de me montrer plus humaine, avec un succès discutable.

« Erf, désolé. Je suis nulle avec ce genre de truc. »

Ne pouvant qu'être totalement en accord avec sa camarade sur le fait qu'elle avait eut une chance indéniable d'avoir une telle famille, Krystal hocha doucement la tête. Même si la vie avait parfois été difficile, si les saisons s'étaient succédées avec leurs épreuves de grand froid en hiver et de chaleur intense en été, les souvenirs qu'elle en gardait étaient des moments précieux et chaleureux qui l'accompagnaient encore chaque jour et lui permettaient d'avoir une base solide pour avancer.

- Oh, il y a déjà eut des tensions comme dans toute famille. Qu'il n'y en ait pas d'autres m'étonnerait au plus haut point. Cela ne nous empêchera jamais de continuer à nous aimer. Malgré les distances.

Balayant l'excuse de sa camarade avec un sourire et un mouvement de main amical, Krystal ne lui en voulut pas. Chacun ses points forts et les mots ne semblaient pas celui de sa mentor. Non, ses poings et pieds parlaient pour elle plus efficacement que des mots. Ses actions aussi d'ailleurs.

- Un jour, je t’amènerais leur rendre visite si tu le souhaites. Mais je te préviens d'avance : je ne serais pas responsable si mon petit frère te harcèle pour que tu l'entraines. Il se pourrait comme que j'ai laissé échapper que tu m'enseignais à me défendre pour tranquilliser ma mère et ses oreilles trainaient dans le coin...

Se demandant soudainement ce que l'équivalent de ce dont elle venait de parler elle-même était chez sa camarade, d'habitude assez tranquille et discrète à ce sujet, Krystal sentit la curiosité l'emportait. Avant qu'elle ne se retienne, les mots franchirent donc ses lèvres.

- Et toi ? C'est comment ta famille ?

Técla était si mystérieuse qu'elle ne pouvait s'empêcher de vouloir en apprendre plus. Au diable la prudence donc puisqu'elle avait déjà parlé. Krystal sourit en observant sa mentor, prête à en apprendre plus avec un peu de chance. Au mieux, elle en saurait plus. Au pire, elle verrait sa question esquivée comme à l'habitude. Elle espérait cependant que sa camarade s'ouvrirait à elle et prendrait un peu plus de place dans le clan comme elle le lui offrait à demi-mots.

- As-tu encore du monde que tu chéris actuellement autour de toi ?

Bon chérir était un grand mots peut-être. Krystal estima qu'elle aurait peut-être dut dire apprécier plutôt. Elle catégorisait en tout cas Lior dans cette section vu qu'elle semblait très proche de Técla mais après...

« Hm ? T’es sûre que ça ira de me présenter ? Je ne suis pas vraiment douée avec les gosses. On verra pour ton ptit frère.»

C’était le moins qu’on puisse faire. Je n’avais jamais su m’y prendre avec eux. A vrai dire, même enfant, je n’étais pas vraiment à ma place. Etre trop réservée ne m’avait jamais permis d’établir énormément de lien. Bien sûr, j’avais été assez bien adulée au vu des patates que je pouvais mettre. Mais voilà, les gens trop expressifs, je pouvais avoir du mal. Oui, assez ironique avec Lior… Mais quand on la connaissait, c’était autre chose. On la sous-estimait grandement.

« J’ai pas plus de famille. Elle est vivante, mais elle m’a renié car j’ai voulu suivre ma propre voie. Mon père a refusé que sa fille puisse devenir une guerrière. »

Les mots étaient lâchés. Mon expression gardait cet aspect neutre, presque comme si je m’en moquais. Au fond de moi, c’était toujours une blessure à vif, une blessure qui refusait de cicatriser. Je n’arrivais juste pas à me débarrasser de ça, malgré tous mes efforts. Mais je balayais ça dans un coin de mon esprit. Je refoulais mes émotions. C’était ma manière d’agir.

« Hm. Oui… Quelque sorte. Il y a mon équipe que j’ai porté au sommet. Lior, bien sûr. Et… toi… »

Je détournais le regard. J’étais toujours aussi mal à l’aise de parler de mes sentiments, même si ça évoluait avec le temps. Doucement je me levais. La fatigue commençait à venir.

« Si tu me permets, Krystal, j’aimerais bien pioncer. On se dit à demain ? »