Saison Un

: Obscure Prophétie

Enfin arrivés à Fricke, le garde royal réalisa finalement que ce qu'il avait pris lorsqu'il était dans la montagne pour des lanternes étaient les restes de feux que les habitants avaient finalement éteint. Au lieu d'une ville tranquille, il était au milieu de ruines. Une bataille avait eu lieu durant son absence ? Inquiet pour la populasse, il se fit le plus utile possible et ordonna à son Escouade de l'aider dans sa tâche. Ce n'était pas parce qu'ils n'étaient que de petites gens qu'il fallait les ignorer,après tout il était un garde. Il représentait de part son uniforme et son rôle, l'image du roi. Faire bonne impression ne ferait que plus aimer leur souverain.

Le voilà donc relever une poutre ici, chercher des rescapés par là. Pas de quoi se reposer surtout après le voyage qu'il avait fait. Couvert de suie tout comme son Escouade. Après avoir eu froid, c'était maintenant le temps de transpirer à force d'avoir trop chaud. Autant dire que lorsqu'il pu aller se rincer le gosier à la taverne, il ne s'en priva pas.

Sa fidèle guisarme brillant dans son dos annonça sa venue dans la taverne dans laquelle son imposante armure cliqueta et rompit le silence.

« - Hola l'aubergiste. Un tonnelet de bière et de la pitance pour mon Escouade et moi. Nous avons grand soif, sommes affamés et avons de quoi payer. »

Fit-il tout en frappant deux fois de la main sur la table à laquelle il s'était installé. Un à un, il compta les membres de la chenille vivante et constata avec joie que tous répondaient présents à l'appel. Même l'étrange caniche ne les avait pas perdu en route. Au moins en plus de rapporter de bonnes nouvelles à Sa Majesté, il aurait plusieurs présents à offrir à dame Adeline.

Peut-être devrait-il enquêter auprès des manants pour découvrir les auteurs de ces troubles, qu'il puisse planter leur tête au bout d'une pique afin que cela serve de leçon à tous les brigands des lieux. Quels pleutres qu'ils étaient que d'avoir profité de son absence pour ainsi terroriser de pauvres paysans. De ce qu'il avait pu comprendre, les champs avaient été incendiés, les maisons détruites et beaucoup de gens étaient morts sous les coups de cavaliers.

Un nouveau flash et il se massa la tempe en même temps qu'un souvenir sembla ressurgir. Ce n'étaient que de simples bribes. Lui tenant une torche. Des gens hurlant de colère autour de lui. Et des silhouettes attachées à des bûchers. Des sorcières ? Des cavaliers ? Il n'arrivait pas à distinguer clairement ce qui se déroulait dans son souvenir.

Sa vision se fit de nouveau nette et il fixa l'Hexadron aux regards inquiets. Un simple sourire suivi d'un regard assuré leur permit de comprendre qu'il allait mieux. Pas la peine de s'inquiéter. D'ailleurs, voilà le repas qui arrivait et il leva un sourcil en découvrant la simple assiette qu'on leur apportait. Où étaient dons les rôtis ? Les brigands avaient-ils aussi dévalisés les réserves pour qu'ils soient en pareille disette ?

Tournant son regard inquisiteur vers ceux qui osaient le croiser, il interpella une dame. Après tout, vêtue de la sorte, elle devait être une fille de joie et il était connu que ce genre de personne connaissait à peu près toutes les rumeurs qui pouvait circuler en ville.

« - Femme ! J'ai besoin de connaître quelques informations ! Viens ici et tu seras grâcement récompensée. »

Dans un commun mouvement, les petites boules tournèrent leurs yeux en direction de la dame en question pendant qu'une nouvelle fois la Couafarelle mettait sa tête sur le coté, d'incompréhension face aux paroles et aux agissements de ce drôle d'humain.

La fille de joie interpellée ne semblait pas vraiment apprécier les termes qu'il avait utilisés à son encontre. En quoi l'appeler femme pouvait la gêner ? Il ne comprenait vraiment pas. Et depuis quand une femme de petite vertu avait le droit de parler ainsi à un noble ? Un garde royal de surcroît ! C'était tout bonnement le monde à l'envers ! Et voilà qu'elle chipotait sur des détails alors que pendant ce temps-là la populasse était en grand danger. À moins qu'elle ne fut de connivence avec les mécréants.

À cette pensée, son regard se fit tout aussi incisif que la lame de sa guisarme. Il allait lui falloir quelques explications, peut-être que le valeureux en armure allait pouvoir lui répondre, lui qui s'orientait déjà dans sa direction. Mais ses paroles soulevèrent bien plus de questions qu'elles n'en apportèrent. Loin de réprimer le comportement outrageux de la jeune femme, voilà qu'il la défendait et insinuait même qu'il était le déviant dans cette histoire.

Choqué par l'affront ainsi subit, il allait devoir inculquer l'histoire à ce fieffé félon. Pourtant certain que tout Mistral reconnaîtrait les armoiries et l’emblème royal de sa cuirasse, il dut lui rafraîchir les idées. Inclinant légèrement sa tête par politesse comme le voulait le protocole, il se présenta.

« - Je me nomme Sire Adalbert Gamotte. Protecteur du peuple mistralois et garde royal pour sa Majesté et je ne vois pas en quelque manière je fus irrévérencieux envers cette femme. »

Il était vrai que certains habits avait attiré son œil mais en des temps aussi troublés, il s'était dit que de simples haillons pouvaient servir d'habits. Mais là, c'était une femme qui dévoilait allègrement sa poitrine et qui portait un pantalon ! Comment pouvait-il savoir qu'elle était d'un rang supérieur auquel il l'avait imaginée. Surtout si elle était défendue par un garde. À moins qu'elle ne fut une maquerelle.

Devant l’incompréhension de son supérieur, l'Hexadron commença à offrir des regards circonspects entre les deux clans ainsi crées. Comment ne pouvaient-on pas reconnaître un héro de guerre ? Ce fut à ce moment-là qu'une nouvelle personne fit son arrivée, accompagnée de Pokémons, et qui manqua de faire tomber l'Escouade toute entière devant le vulgaire de sa tenue. Qu'elle cache ces jambes qu'ils ne sauraient voir ! Que quelqu'un l'aide à trouver des vêtements adéquats !

Adalbert, quand à lui, manqua de s'étouffer en voyant autant de chair ainsi exposé à sa vue. Il était vraiment tombé dans un bordel et, en plus, pas un bâtiment des plus riches compte tenu de la marchandise qu'il mettait à disposition...

Pourtant la population n'avait pas le droit de posséder des Pokémons. Alors pourquoi ceux-ci la suivaient sans rechigner ? Pourquoi le garde protégeait-il une maquerelle ? Pourquoi ne le reconnaissait-on pas ? Qu'est-ce qu'il s'était passé ainsi à Mistral pour que tous ne marchent sur la tête ? N'en pouvant plus et fulminant contre toute cette mascarade, le garde royal fini par se relever et demanda plus d'explications.

« Mais par bleu ! Que se passe donc-t-il ici ? Combien de temps suis-je resté ainsi enfermé pour que sorcellerie fasse perdre la tête à Mistral ? M'a-t-on oublié à ce point ? Pourquoi porter pareils accoutrements ?!? »

Duchesse, qui ne savait plus où se mettre malgré sa sympathie pour l'homme en armure fini par aller se cacher sous la table tout en couinant alors que les membres de l'Escouade s'étaient relevé peu de temps après leur chef.

Comme il s'en doutait quelque peu, son nom provoqua des réactions sur son auditoire, le seul hic était qu'il ne s'attendait pas aux réactions suscitées. Comment cela, un costume ressemblant ? On le prenait pour un imposteur ? Ce milicien était-il tombé sur la tête pour tenir pareils propos ? Et que voulait-il dire par service trois pièces ? Qu'était-ce encore que cette impression ? Il leva un sourcil circonspect mais allait finalement demander « pardon pour avoir parlé de ce service trois pièces » jusqu'à ce que la moins habillée des femmes ne prenne la parole.

D'ailleurs il s'en voulait quelque peu de l'avoir soupçonnée de n'être qu'une simple fille de joie en entendant son nom de famille. Thélafasse ? Pour avoir combattu à leurs cotés, il connaissait très bien cette famille qu'il estimait hautement même s'ils n'étaient pas nés nobles contrairement à lui. Durant son sommeil, quelles dettes avaient-ils contractés pour devoir ainsi porter pareils haillons ? S'il avait été là, sans aucune hésitation il les aurait aidé par quelques pièces. Les guerres pour protéger le peuple étaient très meurtrières et dévoilaient de prodigieux combattants qu'elles éprouvaient tout aussi bien. Le moins qu'il pouvait faire était de se serrer les coudes et s'entraider.

En repensant à la guerre, il eu de nouveaux flashs suivis de céphalées. Les cris de ses allés qui tombaient au sol. Le sang s'échappant de leurs blessures. L'odeur de la mort qui pesait sur leurs têtes. De tels paysages avaient de quoi en marquer plus d'un et l'alcool finissait par être l'option la plus salvatrice pour grand nombre d'eux. Fort heureusement son Escouade avait échappé à tout cela car elle était trop jeune, elle était là pour remplacer son ancien compagnon d'arme, c'était pourquoi il l'avait emmené avec lui afin de la former durant sa quête.

Malgré la douleur qui résonnait dans son crâne, le soldat gardait son regard perçant pour étudier au mieux les trois personnes qui le regardaient. Un milicien, une vipère aux étranges pouvoirs et une ancienne alliée, autant dire qu'il allait avoir du mal à pouvoir s'expliquer correctement surtout avec toutes les questions qui fusaient.

Déjà répondre à la question de dame Thélafasse, ensuite il expliquerait sa situation afin de laver son honneur. Il était hors de question qu'elles restent encore plus de temps à penser qu'il était un menteur !

« - Compte tenu de votre accoutrement, en effet ce fut le cas. La pensée m'est venue à tort mais je n'ai jamais proféré de telles paroles. J'en conclu donc que la Jézabel possède donc des pouvoirs et qu'elle s'en sert pour monter la populasse contre les honnêtes gens ! Le mieux serait de l'emmener devant Sa Majesté le roi afin qu'elle subisse les conséquences de ses exactions et soit brûlée sur la place publique ! »

Toutefois la réponse ne sembla pas plaire à la brune qui chargea, aussitôt ses mots prononcés, sa main dans sa direction. Ce membre qui tenta d'attraper son visage ne rencontra que du vent car le soldat, bien que vieux, n'avait pas énormément perdu des réflexes de combattant. Un grognement s'échappa de sous sa barbe mais il ne contre-attaqua pas pour autant. Compte tenu de sa lignée, il était normal que la damoiselle soit offusquée par de tels propos. Il ne lui en tiendrait pas rigueur par contre pour ce qui était de la dame aux cheveux roses et noirs, s'était une toute autre histoire et le voilà porter son bras jusqu'à sa guisarme, prêt à la sortir si la sorcière tentait une nouvelle mesquinerie.

Apparemment, il avait trouvé l'instigatrice, ou du moins une de ses acolytes, de l'état de Fricke ou encore du fait qu'on ne le reconnaissait pas; sûrement un sort lancé à son encontre. Par contre son mouvement avait été un peu trop réactif pour son corps et une douleur s'éveilla dans sa colonne vertébrale alors qu'un bruit caractéristique résonna sombrement sous le regard choqué de son Escouade.

« - Difficile de vouloir m'excuser quand elle n'a de cesse de vouloir m'occire par la ruse et la tromperie ! »

[Réponse à éditer après le jet de dé de chance. Si le résultat est inférieur à celui d'Adalbert, il esquive l'attaque; si le résultat est égal ou supérieur il se prend l'attaque dans la margoulette.]